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Enoshima, première visite de l’île au dragon

Enoshima

江ノ島

28 Janvier 2017

Mes yeux s'ouvrent sans bruit ce samedi matin. Le calme qui règne dans la maison contraste avec les éclats de rire de la veille. Ces voix qui se répondaient dans des langues différentes et qui se comprenaient pourtant parfaitement.

Les rayons du soleil m'ont réveillé tôt. Trop tôt. Je suis fatigué, comme d'habitude. Je traîne un peu. Un peu trop. Il est déjà 10h et ma virée à Nikko me semble compromise. Je ne sais pas quoi faire, j'ai beau être à Tokyo, je ne sais pas quoi faire ce matin là. J'ai envie de sortir de la ville, de voir la montagne, la mer, la nature. Je jette un coup d’œil à mon guide touristique dont je ne me suis pas vraiment servi jusque là. Enoshima. Une petit île. Des temples. L'océan. La plage. Le trajet n'est pas si long ni si cher que ça, ça me va. Ça me va très bien.

Je n'ai pas l'impression de faire un voyage en train, juste de faire un trajet de métro un peu plus long que d'habitude. Le paysage défile. Je découvre l'étendue de l'agglomération de Tokyo, la ville ne semble jamais s'arrêter. Et puis soudain, entre deux immeubles, je devine, au loin, le Mont Fuji. Couvert de neige, imposant, une rencontre furtive avec ce géant délicat qui ne me laisse pas indifférent. Il disparaît aussi vite qu'il est apparu, avalé par ces incessantes chaînes d'immeubles. Nous nous reverrons, bientôt.

Une heure et demie plus tard me voilà dehors. Tellement d'espace, l'océan s'étend à perte de vue, des mouettes et le son des vagues qui s'écrasent mollement sur une plage presque vide et cette odeur de sel... Changement d'ambiance radical. Exactement ce qu'il me fallait.

J'ai faim, mais je veux attendre, je veux marcher encore, découvrir ce nouveau décors, explorer cette partie du Japon que je ne connais pas encore. Je finis par m'éloigner de la plage. La ville ne ressemble pas à Tokyo. Plus petit, plus tranquille. Un petit train traverse les rues. Étrange sensation, comme l'impression de ne pas savoir à quelle époque je me trouve. Les quelques restaurants que je croise ne présentent pas de photos avec leurs menus, j'avais fini par m'habituer à cet aspect très pratique de Tokyo. Je me perds dans des quartiers résidentiels. J'aime marcher, mais je commence à avoir vraiment faim, et je ne croise plus le moindre restaurant...

Me voilà à nouveau sur une grande avenue. Mes pas me conduisent devant un immense aquarium. C'est un peu cher, mais tant pis, je rêve depuis longtemps d'aller dans un aquarium au Japon. Et puis il y a à manger, enfin ! Je goûte au Shirasu, de tout petits alevins d'anguilles. Ils surmontent un bol de riz, minuscules, on dirait des insectes. Le goût est étrange. Les japonais adorent.

Il est temps d'entrer dans l'aquarium...

Des poissons de tous les côtés. Ils nagent à côté de moi, en dessous, au dessus... L'impression de pénétrer dans une parcelle de mer. Des centaines de poissons différents cohabitent dans le plus grand bassin. Les vagues de l'océan y sont même reproduites. Raies, requins, un banc entier de petits poissons qui se séparent et se retrouvent au grès des vagues... Tous ensembles dans le même espace.

J'arrive dans une salle consacré aux méduses. Jamais je n'en avais vu autant, de toute sorte, de toutes les tailles, de toutes les formes imaginables. Depuis combien de temps suis-je entré dans l'aquarium ? Je commence à fatiguer. Je sors du bâtiment principal mais la visite ne s'arrête pas là.

Un petit théâtre faisant face à la mer donne sur un nouveau bassin. Un spectacle de dauphins va bientôt commencer. Une voix dans les hauts parleurs souhaite un bon anniversaire à chaque personne en ayant fait la demande. C'est interminable. Je m'en vais. Et puis dans le fond, je n'ai pas vraiment envie de voir des dauphins faire des cabrioles. Je ne peux m'empêcher de me demander comment ils sont traités. La journée passe trop vite et j'ai encore tant de choses à voir avant que le soleil ne se couche.

Je me dirige à nouveau vers la plage, sans même y penser. Quelque chose m'attire inexorablement. Le flux et les reflux des vagues, la pureté de cet espace plat, sans accroc et pourtant si riche en détails de toute sorte. Et ce son... Quelques enfants jouent sur la plage, quelques surfeurs défient des vagues probablement glaciales. Je m'approche de quelques pêcheurs. Que de souvenirs, de si vieux souvenirs. J'ai envie d'envoyer, moi aussi, un hameçon sonder, au loin, les profondeurs de cet océan.

Le soleil commence à se faire bas et je distingue peu à peu la silhouette du Mont Fuji. Une force tranquille, presque efféminée. Toute la philosophie Zen japonaise me semble condensée dans les traits de ce lointain volcan. J'ai hâte de pouvoir m'en approcher. Des couleurs apparaissent dans le ciel comme pour me rendre le spectacle plus grandiose encore.

Je m'aventure sur ce grand pont que tout le monde semble prendre. Peu à peu je m'approche de l'île. Une seconde de stupéfaction. De l'île ? Je n'étais pas sur Enoshima. Pas encore... J'étais resté sur la côte. Comment avais-je fait pour ne pas m'en rendre compte ? Ce petit bout de terre que j'avais pris pour un grand rocher était en fait l'île que j'étais venu visiter. Enoshima, l'île du dragon.

L'ambiance change radicalement. Beaucoup de monde, des petites rues étroites parsemées de boutiques en tout genre. De longues files d'attentes de japonais qui veulent leur galette de poulpe. Ça sent bon. J'ai envie d'y gouter, mais je n'ai pas le temps. Je veux faire le tour de cette île avant de ne plus rien y voir. Des escaliers, des temples, je descend, je monte, des temples. Je commence à avoir mal aux pieds.

Je me retourne en permanence pour admirer la vue. La mer, la côte, le Mont Fuji, magnifique. Mais je suis pressé par le temps, par ce soleil qui se couche bien trop tôt. Il fait bientôt noir et il me faut penser au trajet en train. L'obscurité rend plus saisissantes encore ces petites rues étroites faiblement éclairées. Les temples prennent une autre dimension, comme tout droit sortis d'un film de Miyazaki. Des nuages de vapeur sortent par moments des petites échoppes. J'aime l'ambiance de cette île. Je reviendrai, j'espère.

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