Le marché aux poissons de Tsukiji
築地市場
21 Janvier 2017
Tous les articles -- Tokyo -- Premier voyage -- Janvier 2017
Le marché en plein air
Je pénètre timidement dans les ruelles du marché de Tsukiji. La foule est déjà dense à 9h30 du matin. J'ai fait l'impasse sur la vente aux enchères de Thon, il m'aurait fallut venir attendre au milieu de la nuit. Mais je compte bien tenter d'entrer dans le marché couvert, le plus grand marché aux poissons du monde. Les informations que j'ai pu trouver sur internet sont contradictoires. Cela fait des années que le marché couvert doit déménager, je ne sais pas s'il se trouvera toujours là. Et puis parfois je vois qu'il n'est ouvert qu'aux professionnels, parfois qu'il s'ouvre aux touristes en fin de matinée, mais je ne trouve jamais la même heure. Je décide de commencer par trouver ce marché couvert pour être enfin fixé.
Plus je m'enfonce dans le marché, plus les rues se font étroites. On y vend de tout. Du poisson, bien sûr, mais aussi des fruits, de la vaisselle, et un nombre incalculable de petits stands de nourriture de rue se juxtaposent aux nombreux restaurants. Ramens, omelette, sushis, brochettes de coquillages, glaces au matcha... Il y a déjà la queue et les odeurs m'ouvrent l'appétit. Je m'y attendais un peu, je n'avais rien pris pour le petit déjeuner. Mais pour l'heure je cherche le marché couvert.
Je me rends compte peu à peu de l'aspect tentaculaire du marché. Si le marché couvert est connu pour être le plus grand au monde en son genre, le marché en plein air n'est pas petit pour autant. Après plusieurs fausses pistes je finis par trouver l'entrée du marché couvert. L'accès n'est ouvert aux touristes qu'à partir de 11h. J'ai donc le temps de traîner un peu, et de me trouver quelque chose à manger.
Le choix est vaste. Bien trop vaste pour moi ! J'ai toujours eu de grandes difficultés à faire des choix. Niveau nourriture, Tokyo me pose bien des problèmes. Tout m'a l'air si bon, nouveau, je veux tout essayer, et mon dilemme est presque quotidien. Mais je pensais qu'aujourd'hui les choses seraient plus simples. Je veux gouter aux sushis les plus frais que l'on peut trouver à Tokyo, qui doivent forcément se trouver aux abords de l'immense marché de Tsukiji. Mais je ne m'attendais pas à devoir faire face à tant de choix. Les restaurants de sushis sont nombreux, et les autres stands commencent à m'attirer dangereusement.
Dans chaque ruelle, un rabatteur tente de m'attirer dans son restaurant. Je n'aime pas ça, j'arrête systématiquement de regarder la carte pour aller voir ailleurs. Besoin de me sentir libre. Il y a du thon partout, la tête du poisson fièrement exhibée sur l'étal, des marchands s'affairent à les découper en dès crus que les japonais achètent en petites barquettes à déguster sur place. Au Japon, on ne marche pas en mangeant, alors aux coins des stands les plus populaires quelques dizaines de personnes se tiennent debout, entrain de manger leurs brochettes de poisson ou leur bout d'omelette.
Après avoir fait entièrement le tour du marché et avoir hésité une bonne demie heure, je finis par choisir un des restaurants de sushis. A l'intérieur, beaucoup plus d'espace. Rien avoir avec le petit restaurant de sushis dans lequel j'avais fêté les résultats du test d'entrée de mon école. J'ai droit à une chaise, une serviette chaude et une petite soupe de miso. Je ne prends pas beaucoup de sushis, quelques uns au saumon, quelques uns dont j'ignore tout mais dont l'aspect me paraît appétissant, et je décide d'essayer un sushi de coquillage, trop content d'avoir réussis à en déchiffrer les kanjis, chose bien rare lorsqu'il s'agit de nourriture. Une fois dans ma bouche, le sushi au saumon se met à fondre sur ma langue délivrant une saveur aussi douce que la sensation qui envahit mon palais. Jamais je n'avais mangé un sushi aussi délicat. La taille est parfaite, juste ce qu'il faut de riz. Il m'en faut un autre. Mais voilà qu'arrive le sushi au coquillage. Le cuisinier le pose sur mon assiette, et je vois le mollusque bougeant encore légèrement sur sa petite boulette de riz. Franchement rebuté, je tente de me dire que ça n'est pas plus étrange que de gober une huitre, mais je regrette déjà mon choix. Le goût n'a rien d'exceptionnel, un aspect croquant inattendu, ça n'est pas réellement mauvais, au moins j'aurai essayé, mais je commande aussitôt quelques sushis au saumon supplémentaires.
Pour le français que je suis, habitué à faire des repas bien organisés, avec ma petite entrée, mon plat principal et mon dessert occasionnel en fin de repas, la manière de se nourrir des japonais me laisse perplexe. Je ne suis pas sûr de tout comprendre, vu de l'extérieur j'ai l'impression qu'ils mangent un peu tout le temps, n'importe quand, mais souvent en petites quantités. A l'image de ce petit bout d'omelette pour lequel je fais la queue. Je n'en fais que deux ou trois bouchés et je me mets en quête d'un dessert.
Les fruits présentent des prix exorbitants. Qu'il est intéressant de voir comment la rareté d'un produit en change totalement la perception. Manger des fruits ici est presque un luxe. Alors on ne mange pas de bols de fraises fraichement ramassées, on les vend à l'unité surmontant une sorte de mochi sucré, on en fait de petites brochettes, parfois avec deux grains de raisin, et c'est très tendance. Mais franchement trop cher et pas très exotique à mes yeux, alors je me décide pour une glace au matcha, et je me mets en route pour le marché couvert.
Le marché couvert
L'ambiance change radicalement une fois à l'intérieur du marché couvert de Tsukiji. L'impression d'avoir fait un bond de cinquante ans en arrière. Le marché est réservé aux professionnels, et si les touristes ont à présent le droit d'y pénétrer c'est que tout est déjà terminé. Les stands sont éteints, fermés pour la plupart, c'est sombre. la lumière du jour peine à se frayer un chemin entre les piles de polystyrène qui s'entassent de tous les côtés. Quelques derniers vendeurs sont entrain de plier leur stand, ou de manger un bento après une matinée qu'on devine intense. Les allées sont humides, l'odeur de poisson imprègne les lieux. Les retardataires se dépêchent de conclure leurs dernières ventes tandis que d'autres poussent des chariots aux allures de charrettes.
J'aime ce lieux. Je traîne un peu, laissant mes pas se perdre dans ses ruelles labyrinthiques. Je ne connaitrai pas l'effervescence du marché durant ses heures d'activité, mais je peux la deviner. Si le marché doit vraiment déménager, je me sens chanceux de me retrouver ici et de découvrir cette ambiance si particulière.
Laissez une pensée