Il neige sur Tokyo
雪が降ります
9 février 2017
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Tellement de kanjis à apprendre. S'il est vrai que j'ai eu la bonne surprise de réussir le test d'entrée de mon école de japonais, j'ai beaucoup de retard sur le niveau de ma classe. Les kanjis notamment. Je pouvais bien en lire quelques uns en arrivant, mais incapable d'en écrire plus d'une dizaine. Une centaine de kanjis à rattraper, en plus des six quotidiens qu'il me faut savoir pour le lendemain. Des lignes et des lignes... Ça marche plutôt bien. Mais j'ai mal aux mains. A la tête un peu aussi. 頭痛. C'est pas vrai... Suis-je vraiment conditionné à ce point ? Je ne peux plus avoir mal à la tête sans que me viennent immédiatement à l'esprit les kanjis du mal de tête. J'ai besoin d'un peu d'air.
J'entrouvre la fenêtre. Mais très vite je passe la tête entière par la fenêtre, ébahi. Il neige. Il neige ! J'ai toujours préféré l'hiver à toutes les autres saisons. La neige en est pour moi son apogée. Ayant toujours vécu dans les sud de la France, les jours de neige se compte tous les ans sur les doigts des mains. Parfois même pas. L'année dernière pas un flocon. J'avais d'abord pensé passer ces trois mois au Japon à Sapporo, sur l'île d'Hokkaido. Pour la neige, rien de plus. Et me voilà à suivre du regard ces quelques flocons qui tombent du ciel. Tant pis pour les devoirs, je ne sais pas combien de temps ça va durer, il me faut profiter de ce moment.
La neige n'est pas très dense lorsque je me retrouve dans la rue. Je suis comme un enfant, je veux prendre des photos, de ce qui pour moi relève de l'évènement. Je sais qu'il y a peu de chances pour qu'il neige à nouveau au cours de mon voyage. Où aller ? Je ne sais pas bien. Je ne le sais toujours pas lorsque je me retrouve dans la rame de la JR Line. La neige s'est vraiment intensifiée. Elle ne tient pas, pas vraiment, pas encore, mais le spectacle est magnifique. Shibuya. J'ai envie d'aller à Shibuya. De voir ce ciel parsemé de tâches blanches au dessus du plus important carrefour du monde.
Presque 30 minutes de train plus tard, me voilà à Shibuya. Il neige bien moins. Je regrette. Tokyo est si étendu, il doit probablement neiger toujours autant chez moi, à Nippori, pourquoi avais-je besoin de partir si loin ?... Je marche dans les rues de Shibuya, priant secrètement pour un retour des gros flocons. Parfois la neige semble s'être transformée en pluie, parfois cela redevient de la neige. Il y a toujours de l'espoir. Je marche, je fais des photos, la nuit arrive, et je recommence à penser à ces devoirs qui m'attendent.
Mais il recommence à neiger un peu. Je ne veux pas rentrer. Avec la nuit, les flocons ressortent mieux sur le ciel noir, éclairés par les lumières de Shibuya. Le spectacle est magnifique, un incessant ballet de parapluies qui anime les passages piétons du carrefour. Je marche encore et encore. Mes doigts sont glacés, mes chaussures trempées. De la buée a finit par s'installer sur le filtre de mon appareil photo. Mes photos deviennent psychédéliques mais peu exploitables. Et j'ai toujours autant de devoir à faire. Il me faut vraiment rentrer cette fois.
De retour à Nishi-Nippori, la neige semble plus dense encore que lorsque j'ai pris le train. D'épais flocons virevoltent dans tous les sens. Mon manteau noir se couvre de petites tâches blanches et mon regard se perd dans la chorégraphie fascinante des flocons de neige qui me suivront en dansant jusqu'aux portes de ma chambre.
Ton blog c’est une poésie nippone 🙂 J’adore! ça me donne trop envie d’aller là bas et d’apprendre le japonais. Mais les kanjis, mon cerveau ne peut pas retenir tous ces kanjis >.< merci ! Johanna
Merci beaucoup ! C’est vrai que les kanjis c’est pas ce qu’il y a de plus simple, mais peut-être pas aussi terrible que ça en a l’air, il suffit d’être vraiment motivé ^^