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Osaka, premiers pas dans le Kansai

Osaka

大阪

17 Mars 2017

Une nouvelle région, une nouvelle ville, se pourrait-il que je sois sur le point de découvrir des rues qui deviendront bientôt mon quotidien ? Mes cours de japonais se sont terminés et il va me falloir rentrer en France dans deux semaines, mais j'ai déjà décidé de revenir. Une année cette fois. Au moins. Retourner à Tokyo ? Pourquoi pas. Mais le Kansai m'attire depuis longtemps et Osaka pourrait bien devenir ma future terre d'accueil. Alors j'ai pris le bus, réservé un lit dans un dortoir à Kyoto, et me voilà à visiter la région pour quelques jours, ça devrait me permettre de me décider.

Huit heures de bus, c'est long. Surtout lorsqu'on n'a pas la place de faire quoi que ce soit de ses jambes. Surtout lorsqu'il s'agit d'un bus de nuit qui s'arrête toutes les deux heures et allumant la lumière, histoire d'être bien sûr qu'on ne puisse pas dormir pour faire passer le temps. Tout ce temps j'ai tenu en pensant aux spécialités d'Osaka. 6h du matin, je rêve de manger une demi douzaine de takoyakis pour mon petit déjeuner. Je ne sais pas trop où le bus s'est arrêté, mais je suis content de partir à la découverte de cette ville, et de pouvoir me dégourdir les jambes.

Sauf que ce n'est pas si simple. Trois mois à Tokyo ont finit par m'habituer à toutes les facilités de la capitale. Je ne comprends pas comment fonctionne cette ville, je me sens perdu, je marche sans réussir à trouver un plan ou une station de métro. Je ne sais pas où aller. Je m'arrête dans un konbini et demande une carte. Je ressors avec un petit livre détaillant toutes les rues de la ville. Tout est en japonais. J'ai beau avoir progressé, je n'arrive pas à en tirer quoi que ce soit...

Les Tokyoïtes ne sont pas tendres lorsqu'ils décrivent Osaka. Ceux à qui j'ai pu parler de mon projet d'aller dans cette ville ont cru bon de me mettre en garde : Osaka c'est sale, sordide, et je ferais mieux de me méfier, il s'agit sans aucun doute d'une des villes les moins sûres du Japon. Je réprimais alors un sourire qui surgit à présent sur mes lèvres. Sale, vraiment ? Je comprends de mieux en mieux les raisons qui mènent tant de japonais à la dépression lorsqu'ils visitent Paris.

Il est 9h du matin, j'ai fini par trouver une station de métro et je me trouve dans ce qui semble être la rue marchande principale d'Osaka. L'allée, parfois couverte, est absolument immense, interminable. Mais déserte. Et les magasins sont fermés. De toute évidence je suis arrivé bien trop tôt, et je vais devoir oublier mon envie de déjeuner avec des takoyakis. Déjà trois heures que je marche dans les rues d'Osaka, mon sac à dos est lourd, j'ai faim, et je ne comprends pas pourquoi il est si difficile de trouver un endroit où manger dans cette ville renommée pour sa gastronomie.

Je mange un toast français qui n'a rien de français. C'est bien meilleur. Je suis assis à côté d'un étranger -- d'où m'a-t-il dit venir ? Allemagne ? Non... D'où vient-il ?... -- qui me montre le parcours de son voyage. Il parcours le Japon avec son JR Pass depuis des mois et séjourne à Osaka depuis plusieurs semaines déjà. Il me donne des conseils que je ne pourrai pas suivre, mais l'échange est agréable et je ressors en sachant comment me rendre au château d'Osaka.

Quelques japonais photographies les premières fleurs de cerisiers qui commencent à fleurir dans l'immense parc qui précède le château. Les arbres semblent vieux, chacun porte un petit médaillon descriptif. Parfois roses, parfois blanches, la pleine floraison doit être magnifique. D'ici deux semaines sans doute. J'espère pouvoir me balader dans les parcs de Tokyo en fleur avant de devoir rentrer en France.

D'en bas, déjà, le château m'impressionne. Peut-être n'est-il pas d'époque, il n'en est pas moins imposant. Je me vois déjà venir traîner dans ce parc, à la fin de mes cours de japonais, jetant un coup d’œil au château tout en apprenant mes leçons. Comme l'impression que je me sentirai vraiment bien ici.

Plus je m'approche du château moins je me retrouve isolé. Je monte, je perds le château de vue, le retrouve, le perds à nouveau... Et le voilà, en face de moi, derrière une foule de touristes se prenant en photo à tour de rôle devant le monument. Une odeur réveille mon odorat. Ils sont juste là, derrière moi, les takoyakis d'Osaka. Patience. Il y en aura toujours après ma visite du château.

De l'extérieur, le château est fidèle à l'original, mais une fois à l'intérieur on se rend compte que le bâtiment est moderne. Il ne s'agit que d'un musée qui ne m'intéresse que très moyennement. Le dernier étage, en revanche, donne l'occasion d'apercevoir Osaka dans son ensemble. Ce n'est pas Tokyo, certes, mais ça n'est pas Toulouse. La ville est immense, partagée entre parcs immenses et buildings démesurés. Je me tiens assez loin du bord. Ça va, j'arrive à maîtriser mon vertige.

Autour du château Osaka est enfin à la hauteur de sa réputation de capitale gastronomique. Certes, il ne s'agit que de nourriture de rue, mais c'est précisément ce dont j'avais envie depuis longtemps. Takoyakis, mais aussi okonomiyaki, karage... Le choix est vaste et chaque échoppe semble avoir sa petite spécialité. Je finis par m'assoir sur un banc, des takoyakis d'un côté, quelques karage de l'autre. Les takoyakis sont brulants, mais l'impatience est grande. Des années que je rêve de pouvoir goûter à ces boulettes de poulpe dans leur ville d'origine. J'aurais aimé en trouver dans une petite rue éloignée des regards, où seuls quelques connaisseurs seraient entrain de faire la queue pour repartir avec les meilleurs takoyakis de la ville, il me faudra faire avec ceux du lieux le plus touristique d'Osaka. Mais je savoure cet instant.

Je ne sais pas quoi faire d'autre dans cette ville. J'ai vu le château, mangé des takoyakis, et maintenant ?... Il est à peine 13h et je ne sais pas où aller. Je me retrouve à nouveau à errer dans les rues, sachant seulement que je voudrais me rapprocher de la mer. Mon sac est lourd, la nuit blanche dans le bus n'arrange rien, je sais que je ne tiendrai pas très longtemps.

Je me trompe dans le métro et je n'ai aucune idée du quartier dans lequel je me trouve. Les rues ne sont pas désagréables, de petites maisons traditionnelles cohabitent avec des bâtiments modernes aux formes surprenantes. Je sais que je n'aurai pas le temps de retourner à Osaka durant mon séjour dans le Kansai. Un jour, peut-être... Mais il me faut encore trouver mon dortoir à Kyoto et j'ai besoin de me reposer. Alors, quand je me rends compte que la gare qui se trouve près de moi me permet de prendre un train direct pour Kyoto, je n'hésite pas et je fais mes adieux à Osaka. Au moins pour un temps.

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