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Tokyo Tower, les lumières d’une mégapole

Tokyo Tower

東京タワー

6 Janvier 2017

Kamiyacho station. 17h. Il fait nuit, bien entendu. A en croire le plan il s'agit de la station la plus proche de la tour de Tokyo. Je pensais me repérer à vue, me diriger en direction de la tour que j'allais forcément apercevoir, mais c'est raté. Les buildings qui bordent l'immense rue dans laquelle je me trouve sont trop hauts. Je décide de marcher à l'aveugle, et de tenter de trouver un point de vue plus dégagé.

La rue -- une rue, vraiment ? Ce doit être une avenue -- est trop large, des ponts pour piétons la traversent à intervalles réguliers. Pour une fois, je ne me suis pas trompé. Depuis un de ces petits ponts je peux finalement apercevoir la tour. Rayonnante dans la nuit, notre chère tour Eiffel, un peu relookée pour coller à l'ambiance, semble s'être perdue dans un environnement démesurément urbain et un brin futuriste. Chaque voiture qui passe un peu vite sous le pont le fait bouger. Des installations qui bougent pour ne pas casser, difficile d'oublier que le Japon doit faire face aux tremblements de terre. Je reste un moment à regarder les voitures passer. Beaucoup de taxis. Surtout des taxis.

Depuis mon arrivée au Japon, Tokyo me déconcerte, déjouant toutes mes attentes, ne ressemblant en rien à ce que j'avais pu imaginer. Loin de ressentir de la déception, la sensation est plutôt grisante. Je retrouve ce dont j'ai pu entendre parler, comprenant ce que j'ai pu lire sur la vie ici, tout en étant en parfait décalage avec ce que j'en avais compris. Plus je m'aventure dans ces terres nouvelles, plus je me rends compte que tout me reste à découvrir. Comment la ville la plus peuplée du monde peut se retrouver quasiment déserte à 17h aux alentours d'un de ses monuments les plus emblématiques ? Je m'attendais à un espace dégagé, lumineux, animé et rempli de touristes ; l'endroit est calme, sombre, et je pourrais compter sur les doigts d'une main le nombre de personnes que je vois traîner autour de la tour.

Le plus naturellement du monde, j'entre dans le bâtiment, je prends un billet, et me voilà dans l’ascenseur pour gravir la tour. Pas le temps de réfléchir, il n'y a aucune attente au guichet, bien entendu. Ce n'est que lorsque nous commençons à monter que je me rappelle de mon vertige. Monter sur une chaise pour changer une ampoule me demande un effort, et me voilà entrain de m'élever à 150 mètres du sol. Trop tard pour faire marche arrière. Et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? Au pire du pire ? Mourir ? Rien de bien grave donc.

Les portes de l’ascenseur s'ouvrent et mon cœur s'emballe. Mon vertige n'y est pour rien. Ce sont ces lumières, ces buildings insensément hauts qui s'étendent à perte de vue, ces lumières, ces lumières vivantes qui éclairent la nuit. Je suis à Tokyo. Je prends conscience pour la première fois du véritable sens du mot "mégapole". Ça me semble tellement plus que ça. Une mégalopole aux dimensions extravagantes. Pour une fois Tokyo est fidèle à ce que j'avais pu en attendre... sauf que je ne m'y attendais plus.

Je m'approche des vitres. Dans mon estomac, cette sensation que je connais bien, mon vertige est bien présent mais il ne me paralyse pas. Mon regard se perd dans les recoins de cette ville qui déborde de vie. Ces milliers de fenêtres blanches de lumière, ces innombrables voitures qui parcourent les rues et traversent des ponts, cette poignée de footballeurs entrain de disputer un match sur un toit... Je fais le tour de l'observatoire, encore, et encore, sans réussir à me lasser de ce spectacle. Depuis ma chambre, dans cette petite rue tranquille de Sendagi, je ne réalisais pas prendre part à un spectacle aussi intense. Mais aujourd'hui j'y ai ma place. Moi aussi, je fais partie de tout ça.

J'ai fait tant de fois le tour du bâtiment, mes jambes commencent à fatiguer, il me faut songer à rentrer. Non, pas tout de suite, je veux passer à la boutique souvenir. Véritable piège à touriste où tout est deux fois plus cher qu'ailleurs, je sais... Mais je veux garder une trace, quelque chose. Je choisis une petite carte postale en me disant que je l'enverrai peut-être à quelqu'un. En réalité elle me suivra pendant longtemps.

L'armature de la tour défile derrière les fenêtre de l'ascenseur. Je me rends compte que j'ai faim. Une fois en bas, je fais une dernière fois le tour du monument. Un parc lui fait face, je ne l'avais pas remarqué. Aucune lumière pour l'éclairer, pas une personne pour s'y balader. Tout a l'air si calme vu d'en bas. Et pourtant maintenant, je sais...

Sur le chemin je cherche un endroit où manger. Je finis par me décider pour un petit restaurant de ramens. Les premiers de ce voyage. De vrais ramens japonais. J'en rêvais depuis des années...

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